mardi

Une brigade de "mères Teresa".
J'avais lu et entendu dire certaines choses à propos de l'hôpital public. Et de son"horrible" service des urgences.
Soudain, le 18 mars 2009 à minuit, chez moi, je crois me trouver nez à nez avec la Faucheuse. Je tombe à terre, comme en miettes.
Je ne peux pas me lever. Sans défense, je me sens incapable de bouger.
Je crie "au secours!". Personne ne m'entend.
J'ai l'impression d'être intoxiqué. Par un poison qui ravage tout à l'intérieur de mon corps.
Je rampe jusqu'au téléphone, que je n'arriverai jamais à atteindre. A la vitesse de cinq mètres à l'heure. Ma tête ne répond plus. J'ai perdu l'équilibre. Et mon cerveau est tourneboulé. Mais mon visage reste aplati sur le sol. Je ne suis plus maître de mes yeux. Eux aussi ont le vertige. Je vais disparaître définitivement. M'occulter pour toujours, mais entouré d'un océan d'immondices que j'ai vomies.
Et soudain, alors que j'ai perdu toute espérance, apparaissent deux infirmiers du SAMU. Deux "mères Teresa".
Je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état. Je ne veux pas qu'ils s'approchent. Qu'ils sentent ma misère puante. Mes yeux sont incapables de les fixer. Je les cache avec mes mains.
Ils me demandent de me redresser. Je ne peux pas. Et si je l'avais pu je ne l'aurais pas voulu. Je préfère rester recroquevillé. Et attendre la fin. Ce sera moins douloureux. Et surtout moins pestilentiel et honteux.
Cependant ils ne cessent de me dire des mots gentils. Je suis un anonyme pour eux. Il me semble qu'ils ont un joli accent: beur? portugais? espagnol? breton? Ils me disent
-"Monsieur…".
Avec un très grand respect. A moi qui me sens moins qu'un chiffon sale.
L'un d'eux me redresse en me saisissant à bras le corps. Il me nettoie. Aidé par son collègue. Tandis qu'il me tient ainsi, le second boutonne mon pantalon. Et me console en même temps.
-"Il faut marcher, Monsieur..."
Ils devinent que je crains de me désarticuler au moindre effort. Ils me dorlotent. Enfin, emporté dans les airs, j'aterris dans une ambulance.
Je parviens à dire pour la première fois, bien tard!:
-"Merci beaucoup…".
Et, pour la première fois, je vais recevoir la réponse que j'entendrai de la bouche de tous les membres du service des urgences de l'hôpital Cochin de Paris:
- "Ne nous remerciez pas, nous sommes là pour vous aider".
Et les deux Samaritains disparaissent.
Pour laisser la place à deux infirmières qui m'ôtent mes vêtements. Elles me préparent. Me soignent. M'habillent en bleu. Puis en jaune. Me demandent souvent:
-"Voulez-vous quelque chose? Vous sentez-vous mieux?"
Arrivent des infirmiers, des médecins , des internes. Pourtant je suis aussi un anonyme pour eux. Tous également attentifs à mon état. Avec le même désir de me secourir:
-"Voulez-vous utiliser mon portable?"
Et moi je répète que je suis empoisonné. Que j'ai absorbé quelque chose…
Mais eux ne cessent de me faire des radios, des scanners et des analyses.
Et ils découvrent que le mal vient du labyrinthe de mon oreille. Il y a plusieurs mois je me suis cogné contre une barre d'acier. Et c'est maintenant que surviennent les conséquences.
Ils cherchent la meilleure solution pour me soigner. Ils pensent aussitôt au meilleur spécialiste.
-"Vous savez, il est très compétent. mais il est très occupé."
Ils parviennent à ce que le Professeur Pascal Corlieu vienne me voir aux urgences. Avec ses appareils de cosmonaute et tout son savoir.
...
Me voilà sauvé, re-équilibré et à la maison.
Mille mercis à tous, des brancardiers au professeur. De tout coeur.
Mais je sais que tous aux Urgences vont me répéter encore une fois:
-" Ne nous remerciez pas, nous sommes là pour vous aider".
Fernando Arrabal

*****
Testimonial

A Fraternal Regiment.
I have read and overheard certain observations about public health care. And its “frightful” Emergency Medical Services unit.
All at once, at midnight on March 18, 2009, in my apartment, I thought I had come face to face with the Grim Reaper. I fall to the ground, as if crumbling into pieces.
I cannot get up again. I am helpless, unable to move a muscle.
I shout, “Help!” No one hears me.
It’s as if I had been poisoned. By a venom which wreaks destruction on everything within my body.
I crawl towards the telephone, but never manage to reach it. At the rate of one foot every fifteen minutes. My head is no longer reacting. I have lost my equilibrium. My brain is topsy-turvy. Yet my face remains flat against the floor. I can no longer control my eyes. They also feel vertiginous. Certainly I am going to die. Be eclipsed forever, surrounded by a sea of foulness which I have regurgitated.
Suddenly, just when I have lost all hope, two EMS nurses appear: two Mother Teresas.
I do not want them to see me in this condition. I do not want them to come near. For them to sniff my mephitic wretchedness. I cannot focus my eyes upon them. I bury my face in my hands.
They ask me to get up. I am unable to do so. And even if I could, I would not wish to. I prefer to remain curled up. Waiting for the end. It is less agonizing this way. And above all, less noxious and indecent.
However, they continue to utter kind words to me. To them, I am John Doe. It seems to me that they are speaking with a pleasing foreign accent: North African? Portuguese? Spanish? Breton? They call me
“Monsieur…”
with extreme respect. Speaking to me, although I feel like a filthy rag.
One of them grabs me around the waist and lifts me up. And cleans me. With the help of the co-worker. While one holds me up, the other one buttons up my pants. Consoling me as all the while.
-“You must walk, Monsieur...”
They have guessed that I fear that the smallest movement will cause me to fall apart. They coddle me. Finally, I am carried aloft and come to earth in an ambulance.
I manage to say for the first time, quite belatedly:
-“Merci beaucoup…”
And for the first time, I hear the reply which I will receive from every one of the Paris Cochin Hospital’s emergency department workers:
- “No need to thank us, we are here to help.”
And the two Good Samaritans vanish.
Replaced by two nurses who remove my clothing. They arrange me. Minister to me. Dress me in blue. Then in yellow. They ask repeatedly:
-“Do you need anything? Do you feel better?”
Attendants, doctors, and interns all arrive. Although for them, I am still John Doe. Everyone is wholly immersed in my predicament. Sharing the same solicitude to assist me:
-“Do you want to use my cell phone?”
As for me, I keep repeating that I must be poisoned. I must have eaten something...
Yet they keep taking X-rays, scans, and tests.
Thereby discovering that the problem originates in the labyrinth of my inner ear. Several months earlier, I had bumped into a steel rebar. Only now did the effect become manifest.
They strive to find the best way to treat me. They immediately think of the finest specialist.
-“You know, he is very proficient. But also quite busy.”
They arrange for Professor Pascal Corlieu to see me in the emergency ward. Along with his instruments suitable for a cosmonaut, and all his expertise.
...
Now I am home again, unscathed, with my equilibrium regained.
A thousand thanks to everyone, from the stretcher-bearers to the Professor. With all my heart.
Yet I am aware that everyone in the Emergency ward will reply once again:
- “No need to thank us, we are here to help.”

Fernando Arrabal

CULTURA
AGENCIA E F E
24.03.09 -
Una brigada de 'madres Teresa'
Fernando Arrabal explica en una carta las razones que le impiden acudir hoy a Murcia y su experiencia en el servicio de urgencia de un hospital de París.


Fernando Arrabal. / EFE


Había leído y oído algo de lo que se cuenta sobre los «horrorosos» servicios de Urgencia de los hospitales.
Súbitamente, el día 18 de marzo de 2009, a medianoche, en mi casa parisiense, creo topar con la Muerte. Caigo al suelo, dislocado.
No puedo levantarme. Indefenso, me siento incapaz de moverme.
Pido socorro. Nadie me oye.
Tengo la impresión de estar emponzoñado. Por un veneno que me revuelve mis adentros.
Me arrastro hacía el teléfono. Que nunca llegaré a alcanzar. A la velocidad de cinco metros por hora. Mi cabeza no responde. He perdido el equilibrio. Y mi cerebro se bambolea. Pero mi cara permanece aplastada en el suelo. Mis ojos no se dejan dominar. Se descentran, mareados. Voy a desaparecer definitivamente. Voy a ocultarme para siempre, pero rodeado por un océano de inmundicia vomitada.
Y de pronto, cuando había perdido toda esperanza, aparecen dos enfermeros del SAMU. Dos madres-Teresa.
No quiero que me vean en el estado en que estoy. No quiero que se aproximen. Que les apeste mi miseria.
Mis ojos son incapaces de fijarlos. Me los tapo con la mano.
Me piden que me incorpore. No puedo. Y si hubiera podido no lo hubiera querido. Prefiero permanecer acurrucado. Y dejar que llegue el final. Será menos doloroso Y sobre todo menos pestilente y vergonzoso.
Y, sin embargo, los dos enfermeros no paran de decirme gentilezas. Para ellos soy un anónimo. Me parece que tienen un bonito acento. ¿franco-marroquí? ¿portugués? ¿arrabalero? ¿bretón? Me tratan de
- «Monsieur».
Con infinito respeto.
A mí que me siento menos que un trapo sucio.
Uno de los enfermeros, abrazándome, me incorpora. Me limpia. Ayudado por su colega. Mientras me mantiene en sus brazos el segundo me abrocha los pantalones. Y me consuela al mismo tiempo.
- «Adelante, Monsieur...».
Sienten que temo descoyuntarme al menor esfuerzo. Me miman. Por fin en andas y volandas me llevan a una ambulancia.
Acierto a decir por vez primera, ¡tan tarde !
- «Merci beaucoup...».
Y por primera vez voy a recibir la respuesta que oiré de todos los miembros del servicio de Urgencias del Hospital Cochin de París:
- «No nos lo agradezca; estamos aquí para ayudarle».
Y los dos samaritanos desaparecen.
Para dar paso a varias enfermeras que me desnudan. Me arreglan. Me cuidan. Me visten de azul. Luego de amarillo. Me preguntan a menudo
- «¿Quiere algo? ¿Se siente mejor?».
Llegan cuidadores, médicos, internos. Para ellos también soy un anónimo. Todos con la misma preocupación por mi estado. Con el mismo deseo de auxiliarme.
- «¿Quiere utilizar mi móvil particular?».
Y yo repito que estoy envenenado. Que algo he tomado...
Pero ellos no dejan de hacerme radiografías y escaners y análisis.
Descubren que el mal lo causa el laberinto de mi oído interno. Que hace meses mi cabeza topó contra una barra de acero. Y que ahora surgen las consecuencias.
Buscan lo mejor para curarme. Piensan inmediatamente en el mejor especialista.
- "Sabe usted, es el más competente. Pero está ocupadísimo».
Consiguen que el Profesor Pascal Corlieu venga a verme a Urgencias. Con sus aparatos de cosmonauta y su saber legendario.
……
Estoy a salvo, re-equilibrado y en casa.
[Toda mi vida…… me ha frustrado no llegar a ser el santo pagano de mis aspiraciones. Con lo fácil que les resulta alcanzar la santidad civil a esta brigada de la Fraternidad y de la Urgencia.]
Mil gracias a todos, desde el camillero hasta el catedrático. De todo corazón
Pero sé que todos y cada uno va a repetirme una vez más:
«No nos lo agradezca; estamos aquí para ayudarle”
- Fernando Arrabal

Fernando Arrabal. / EFE
EL DRAMATURGO FUE ATENDIDO EN URGENCIAS
Fernando Arrabal se desvanece y convierte en 'santos' a los sanitarios que le atendieron

Fernando Arrabal, en una reciente aparición en un programa de televisión.
Fernando Arrabal sufrió un desvanecimiento el pasado día 18 en su casa de París y la experiencia le ha servido para ver cómo su aspiración frustrada de llegar a ser un "santo pagano" resulta tan fácil para los sanitarios que le atendieron.

La indisposición del dramaturgo, de la que se recupera ya en su casa parisina, se ha conocido hoy por un correo electrónico en el que el dramaturgo lamenta no poder ofrecer la conferencia que tenía prevista en Murcia mañana.

En su mensaje, Arrabal explica que el pasado miércoles a media noche cayó al suelo de su casa "creyendo topar con la muerte", pidió socorro sin que nadie pudiera oírle y tuvo la impresión de "estar emponzoñado por un veneno".

Las "madres-Teresa" del SAMU francés

Tras intentar alcanzar el teléfono sin éxito, el escritor creyó que iba "a desaparecer definitivamente". "Voy a ocultarme para siempre, pero rodeado por un océano de inmundicia vomitada", pensó.

En esa situación, aparecieron en su domicilio dos enfermeros del SAMU francés a los que califica de "madres-Teresa" que lo incorporaron y limpiaron, mientras lo consolaban.

"No quiero que me vean en el estado en que estoy. No quiero que se aproximen. Que les apeste mi miseria. Mis ojos son incapaces de fijarlos. Me los tapo con la mano", relata el escritor.

Facultativos con "aparatos de cosmonauta"

Arrabal agradece la atención que le prestaron estos dos enfermeros de "bonito acento" que lo llenaron de gentilezas, le trataron de "monsieur" y lo trasladaron en volandas a una ambulancia.

Una vez en el servicio de Urgencias de un hospital de París, el escritor se sorprende también con las enfermeras, cuidadores, médicos e internos, para los que Arrabal es una persona anónima pero que le asisten "con la misma preocupación" y el "mismo deseo de auxiliarle".

El dramaturgo refiere que los facultativos, "con sus aparatos de cosmonauta y su saber legendario", descubren que el mal lo causa el laberinto de su oído interno y recuerda que hace meses su cabeza "topó contra una barra de acero y que ahora surgen las consecuencias".

El escritor dice que se encuentra "a salvo, re-equilibrado y en casa" y confiesa que toda su vida "le ha frustrado no llegar a ser el santo pagano de sus aspiraciones". "Con lo fácil que les resulta alcanzar la santidad civil a esta brigada de la Fraternidad y de la Urgencia", asegura.